Lors d’une table ronde organisée à la Cité du Numérique, vendredi 31 janvier, l’élu a tiré la sonnette d’alarme sur les effets néfastes de la plateforme américaine sur le tissu urbain et social de sa ville.
Un phénomène en pleine expansion
En l’espace de trois ans, le nombre de logements Airbnb à Châteauroux a été multiplié par trois, atteignant près de 900 unités en 2024, contre seulement 224 début 2023. Une progression fulgurante qui dépasse les prévisions des autorités locales. « Nous attendions la fin des Jeux olympiques pour faire un nouveau décompte, mais la tendance est déjà très claire » , constate Gil Avérous.
Cette croissance rapide n’est pas sans conséquences. Ces logements, destinés à des séjours de courte durée, échappent aux dynamiques du marché immobilier résidentiel, aggravant la pénurie de logements pour les habitants. « C’est un peu la double peine : non seulement ces biens ne profitent pas aux Castelroussins, mais ils faussent aussi nos statistiques démographiques » , déplore le maire.
Un impact sur la démographie et l’économie locale
Le problème est plus profond qu’il n’y paraît. Lors des campagnes de recensement, les agents municipaux se retrouvent face à des logements vides ou équipés de boîtes à clés, donnant l’impression d’une ville désertée. « On va avoir l’impression que notre territoire est en déprime alors qu’il se passe bien quelque chose » , s’insurge l’édile, cité par La Nouvelle République.
Au-delà de l’impact démographique, Gil Avérons pointe du doigt une distorsion fiscale. Moins taxées que les hôtels traditionnels, les locations Airbnb bénéficient d’un avantage concurrentiel jugé injuste. « Ce n’est plus du logement résidentiel, c’est de l’hôtellerie déguisée. Il faut que ces biens soient taxés comme des activités commerciales » , revendique-t-il.
Un appel à la régulation
La problématique dépasse Châteauroux. Lors de la table ronde, Olivier Cabrera, maire adjoint de Bourges, a fait écho à ces préoccupations, soulignant qu’à Bourges, 800 appartements sont ainsi soustraits du marché résidentiel, dont 600 non déclarés.
Face à cette situation, Gil Avérous plaide pour une régulation stricte des plateformes de location courte durée. « Lutter contre la vacance des logements, c’est très bien, mais il faut aussi s’interroger sur la destination de ces biens. On ne peut pas accepter un développement anarchique qui met en péril l’équilibre de nos centres-villes » , affirme-t-il.
Vers des mesures concrètes ?
Si aucune mesure immédiate n’a été annoncée, le maire de Châteauroux entend bien peser dans le débat national sur la régulation d’Airbnb. L’objectif : protéger le cœur des villes et garantir un accès au logement pour tous. « Il est temps d’agir avant que le centre-ville ne devienne un simple décor pour touristes de passage » , conclut-il avec gravité.